Nous vivons dans de grandes communautés, nous avons accès à un espace toujours plus grand - à l’infiniment petit aussi - et à de multiples connaissances et expériences. Nous avons devant nous des changements qui nous dépassent.
Comment ne pas nous sentir tout petits, impuissants devant tant de grandeur, de complexité, de mystère, réduits à quelques lacunes dans l’ignorance, au risque d’être tétanisé.
Et lorsqu’il s’agit d’entreprendre, nous savons que nous ne pouvons rien sans les autres et que l’aventure est collective.
Alors à quoi bon nous intéresser à nous-mêmes, à ce que nous pourrions faire si c’est dérisoire ou inutile, en plus au risque de passer pour un velléitaire, un prétentieux ou un égocentrique.
S’intéresser à soi
N’est-pas justement ça qu’il faut faire : s’intéresser à soi ?
Il ne s’agit pas de se délecter de l’observation de son nombril ; pas non plus de vouloir changer le monde, de le sauver, d’être le héros ou la victime qui inspirera la foule ? Il s’agit de se détendre, de se mettre à distance des conditionnements pour sentir ce que nous pouvons apporter de singulier.
Les injonctions peuvent nous briser quand elles volent tout notre temps et épuisent toute notre énergie.
S’intéresser à soi, c’est apprendre à se jouer de ces injections qui nous forcent à agir dans des sens qui ne nous conviennent pas, pour prendre le temps d’imaginer le futur dont nous avons envie. C’est accepter, si on les libère, de s’émerveiller des rêves et des envies que nous portons.
Penser à soi
Cet émerveillement, c’est s’intéresser à soi un peu comme on s’intéresse à une discipline, un art, une matière… On y prend un certain plaisir contemplatif et puis voilà.
On peut aller un peu plus loin et mettre ce plaisir à profit pour penser à soi : penser à ce que nous pourrions faire bientôt, plus tard, faire de plus, faire autrement. Et cela dans toutes les dimensions : pour nous même, pour les autres et le monde.
Penser à soi, c’est se projeter dans le futur, tel que nous sommes et que nous avons envie d’être, se poser la question des horizons qui nous sont ouverts, de la place qu'on voudrait y prendre et de partager les réponses avec les autres.
Être important
En s’intéressant ainsi à soi et en pensant à soi, on réalise que non seulement on peut faire des choses, mais aussi que ces choses que nous pouvons faire nous ressemblent et nous portent à avancer dans le sens que nous avons choisi.
Ces choses deviennent alors importantes pour nous et donc pour les autres, non pas parce qu’elles sont grandes, ambitieuses, en vue, à la mode…mais parce qu’elles incarnent qui nous sommes. Elles nous rendent conscients de notre importance singulière, celle qui ne tient qu’à nous, qu’il ne tient qu’à nous de révéler et par laquelle nous nous faisons reconnaitre.
La claire conscience de notre importance vaut autant pour nous et pour les autres que ce que les titres ou les médailles peuvent donner. C’est la reconnaissance de l’être humain. C'est la meilleure façon de nous sentir utile au monde qui nous entoure.